que dit la science ? – Cycle Naturel

Cet article a été écrit par Maylis JAHAN, sage-femme. Elle est doublement consultante en méthodes naturelles d’observation de la fertilité : méthode à indices combinés (appelée aussi méthode sympto-thermique) grâce à sa formation de monitrice MAO du CLER, mais aussi méthode à un indice (basée sur la glaire cervicale uniquement), et fondatrice du cabinet Ma Fertilité au Naturel à Toulouse.

Pour parler de double ovulation et savoir si cela est possible, il faut d’abord comprendre ce qu’est l’ovulation. L’ovulation est l’événement-clé du cycle, le point culminant, le sommet, celui autour duquel le cycle est centré. Ce n’est pas pour rien qu’on le place au milieu du cycle, entre la première phase (pré-ovulatoire = folliculaire) et la deuxième phase (post-ovulatoire = lutéale) !

Phylogé… quoi ?

L’espèce humaine a un but « phylogénétique » : la perpétuation de l’espèce. Que l’espèce humaine ne s’éteigne pas et donc, qu’elle se reproduise. Pour cela, il faut deux conditions : assurer un cadre idéal pour la reproduction, et assurer de bonnes conditions pour la conception.

Première condition : un cadre idéal pour la reproduction. Si la femme n’est pas dans un état lui permettant de survivre à une grossesse sans risque pour sa santé (elle ne pourrait plus continuer à se reproduire) ou si un embryon ne serait pas accueilli dans de bonnes conditions pour son développement, le corps se mettra en « pause  reproduction » pour se mettre en mode « survie ». C’est ce que l’on observe en cas de stress, situation émotionnelle forte, changement de cadre de vie, sport de haut niveau ou encore troubles alimentaires…

Deuxième condition : de bonnes conditions pour la conception. Là intervient toute la complexité du cycle, chaque phase ayant un but très précis pour que tout s’enchaîne le mieux du monde. A ce sujet, un point capital : le corps se prépare à l’accueil d’un embryon, il construit tout autour de l’accueil de cet embryon, mais hors de question de réutiliser ce qui ne l’a pas été pour un autre ! Ce ne serait pas digne du suivant, qui a autant le « droit » à du neuf que le précédent. Donc, un cycle, un embryon. Un embryon, une ovulation. Une ovulation, un cycle.

Pour comprendre comment cela se passe, laissons parler les hormones !

Pendant la première phase de cycle, juste après les règles, la FSH hypophysaire « ordonne » aux follicules de produire des œstrogènes, en atteignant un niveau seuil. Seuls les follicules les plus réceptifs répondent et commencent leur croissance. Les autres attendront leur tour. La FSH augmente jusqu’à un pic, appelé niveau intermédiaire, permettant de ne choisir que le meilleur d’entre eux, le plus réceptif des plus réceptifs. Les autres sont éliminés. Donc seul le follicule le plus efficace est sélectionné, celui qui est capable de « suivre le rythme » hormonal. C’est le follicule dominant, celui qui va ovuler, l’élu qui va perpétuer l’espèce.

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Le follicule dominant produit beaucoup d’œstrogènes à partir de ce moment. Or, les œstrogènes sont l’hormone de la féminité : je me sens belle, je me sens attirante, je me sens femme, je veux séduire, je veux faire l’amour ! Et si je fais l’amour, je peux concevoir ! C’est le but : inciter aux unions car sans union, pas de conception, et sans conception,  pas de perpétuation de l’espèce.

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Les œstrogènes font un pic, qui envoie un message à l’hypophyse pour déclencher le pic de LH. La LH est l’hormone de l’ovulation. Sans elle, pas d’ovulation. Elle provoque le déchirement du follicule, qui a entre 16 et 48 heures pour ovuler, ni plus ni moins. Donc, pic de LH (au bon dosage) = ovulation imminente.

Mais cette LH agit également sur le follicule en le transformant en corps jaune, capable de produire la progestérone. S’il y a eu progestérone, il y a eu ovulation. Le corps reçoit le message : c’est bon, il y a eu ovulation, il va peut-être y avoir conception ! Et il passe en mode « j’accueille un embryon » (je garde bien le nid douillet de l’endomètre épaissi en place, je le fais tout beau tout propre, je l’entretiens amoureusement et maternellement : mon bébé va venir !). Tant qu’il y a de la progestérone, les niveaux de FSH et LH sont bloqués au seuil minimal, ne pouvant revenir stimuler les ovaires.

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S’il n’y a pas eu de conception, le corps jaune se désintègre au bout de 11 à 16 jours, la progestérone chute, n’entretenant plus l’endomètre, qui se détruit également, provoquant les menstruations. Mais ce n’est que pour recommencer au prochain cycle ! Chaque retour de règles n’est qu’un recommencement de « on refait du neuf et du beau ».

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Mais les faux jumeaux, alors ? Il faut bien deux ovules ?

Il y a en effet une seule possibilité de double ovulation dans le cycle. C’est lorsqu’il n’y avait pas un follicule en tête de marathon mais deux exæquo, qui n’arrivaient pas à se ‘doubler’. Dans ce cas, les deux se maintiennent après la sélection du follicule dominant, il y a deux follicules dominants exceptionnellement, qui vont ovuler à 24h maximum d’intervalle, suite au même pic de LH. Donc s’il y a deux ovulations, elles n’auront pas plus de 24 heures d’écart entre elles. C’est important à savoir, car dans les différentes méthodes d’observation de la fertilité, ce facteur de 24 heures est pris en compte. Le premier ovule sera ovulé au moins 16 heures après le pic de LH, le deuxième au plus tard 48 heures après le pic de LH. De ce fait on ne saura pas s’il y a eu une ou deux ovulations, car elles seront associées au même groupe de symptômes (jour sommet de glaire cervicale, montée de la température…).

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Ces doubles ovulations s’observeront éventuellement dans des familles avec antécédents (jumeaux dans la famille), mais également dans les cas de stimulations ovariennes, lors de difficultés à concevoir. Ainsi il n’est pas rare d’observer des grossesses gémellaires après traitement par clomifène (Clomid).

Mais du fait du mécanisme ovulatoire et hormonal, on ne pourra pas avoir une montée d’œstrogènes préparant l’ovulation, une ovulation, puis une deuxième montée d’œstrogènes pour une deuxième ovulation, car à partir de l’ovulation, d’autres mécanismes hormonaux prennent la relève, avec la progestérone qui bloque la FSH au seuil minimal.

Comment expliquer plusieurs épisodes de glaire fertile dans un même cycle ?

On pourra effectivement observer en début de cycle plusieurs tentatives d’ovulation, avec montée des œstrogènes, induisant une production de glaire, mais insuffisante pour provoquer le pic de LH ou un pic de LH assez efficace pour déclencher l’ovulation. La femme observera des symptômes caractéristiques de la phase fertile (glaire lubrifiée…) mais sans visualiser de pic de fertilité (jour sommet avec Billings) et sans augmentation de la température ensuite. Elle pourra donc attendre une deuxième phase de montée des œstrogènes, voire une troisième ou plus, jusqu’à ce que cela aboutisse à une ovulation.

tentatives-ovulation-glaire Cela demande une vigilance accrue car les symptômes évoquant la fertilité peuvent être difficiles à repérer, notamment dans la reconnaissance du jour sommet. On observe régulièrement ces situations de « tentatives d’ovulation » en cas de post-partum, post-pilule, pré-ménopause… Des situations dans lesquelles il est conseillé de se faire accompagner lorsqu’on suit une méthode d’observation de la fertilité.

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Qu’en est-il des ovulations spontanées ?

Si chez la lapine, le coït provoque l’ovulation (par le biais de messages hormonaux, toujours), chez la femme, le mécanisme est bien plus précis et minutieux, et demande du temps. Il faut plusieurs jours (au moins 5 jours) pour que les œstrogènes atteignent le taux nécessaire pour induire le pic de LH. Une fois qu’il y a eu pic de LH, il faut encore entre 16 et 48 heures pour observer une ovulation. Ces événements sont absolument indépendants de phénomènes mécaniques comme une union sexuelle, ils se contrôlent entre eux par un jeu de dosages et de réponses.

On pourrait penser que le désir provoque l’ovulation. Mais revenons à ce que nous avons vu plus haut. Plus les œstrogènes augmentent, hormone de la féminité, plus la femme aura de désir sexuel, plus elle aura de probabilité de s’unir. Or le pic d’œstrogènes provoque le pic de LH qui provoque l’ovulation, le tout dans une fenêtre de 36 à 68 heures (la montée de LH commence au moment du pic d’œstrogènes et l’ovulation a lieu 36 heures au moins après le début de la montée, ou 16 heures au moins après le pic de LH). On aura donc un lien entre union sexuelle et ovulation ! Ce lien, c’est les œstrogènes. Mais attention, ce n’est pas l’union sexuelle qui induit l’ovulation, c’est l’inverse : l’ovulation imminente peut conduire à l’union sexuelle, du fait de l’imprégnation hormonale provoquant du désir chez la femme. Pour assurer la continuité de l’espèce. C’est beau, non ?

Donc les méthodes naturelles… ça marche !

Les méthodes naturelles sont fiables, oui ! Les mécanismes scientifiques décrits permettent d’affirmer deux choses : deux ovulations dans un même cycle ont toujours lieu dans un intervalle de 24h maximum ; et l’ovulation « spontanée » n’existe pas : une ovulation s’annonce toujours. Ce sont ces fondements essentiels qui ont permis l’élaboration des méthodes d’observation modernes, et surtout qui garantissent leur efficacité : toute ovulation est « prévisible », et une fois qu’elle a eu lieu, il est impossible d’ovuler à nouveau dans le même cycle. Vous pouvez leur faire confiance !

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