Savoir repérer si (et quand) on ovule est une connaissance précieuse, à la portée de chaque femme, à chaque cycle. Pourquoi sommes-nous focalisées sur les règles lorsque l’on parle de cycle menstruel, quand c’est en fait l’ovulation qui en est l’événement central et primordial ? Que l’on cherche à être enceinte, ou pas, voilà quelques éléments qui vous éclaireront peut-être pour vous aider à vous repérer.
What is ovulation? Voilà la question qui a été posée par la start-up allemande Clue dans les rues de Berlin, New York et Londres le mois dernier. La vidéo fait sourire, mais si vous n’avez pas 2 min 24 devant vous, ou que vous n’avez pas vos écouteurs en amphi (ou au boulot), contentez-vous du petit conseil du jour : vous auriez fait partie des 64% de personnes interrogées qui ne savent pas ? Alors lisez la suite !
Alors qu’est-ce que l’ovulation ? L’ovulation est ce moment très particulier qui marque un véritable tournant dans le cycle féminin : la libération de l’ovule hors de l’ovaire, dans la trompe de Fallope. Elle a été filmée par hasard pour la première fois en 2008, lors d’une intervention par un gynécologue, le Dr. Jacques Donnez :
Dans le déroulement du cycle menstruel de la femme, l’ovulation correspond au point de transition entre :
- la phase pré-ovulatoire (appelée aussi phase folliculaire), pendant laquelle mûrit un follicule pour préparer un ovule = le corps prépare l’ovulation.
- et la phase post-ovulatoire (appelée aussi phase lutéale), pendant laquelle le corps prépare la nidation de l’éventuel embryon né de la fécondation de l’ovule.
L’ovulation a lieu sous l’effet d’un pic hormonal LH. Et c’est la durée de vie très courte (moins de 24h) de l’ovule hors de l’ovaire qui fait du jour de l’ovulation une journée très particulière. Ce n’est que pendant ces 24h qu’un spermatozoïde peut féconder l’ovule, même si celui-ci aura pu patienter dans les cryptes du col de l’utérus depuis plusieurs jours déjà (autrement dit, il n’y a pas que les rapports sexuels du jour de l’ovulation qui sont fécondants… loin de là !!).
Ce pic de l’hormone LH n’est possible que si les oestrogènes ont atteint un niveau suffisamment élevé, élévation qui accompagne la maturation d’un follicule dans un ovaire. Autrement dit : pas d’ovulation tant qu’aucun follicule n’est pas suffisamment mûr.

Ovulation et action hormonale dans le cycle menstruel
Puisque l’ovulation et sa préparation (maturation d’un follicule avec prédominance oestrogénique) se manifestent à nous à l’aide de plusieurs « biomarqueurs » comme disent les anglais, voilà plusieurs méthodes d’observation, à combiner comme on le souhaite, pour vous approprier et reconnaître ce O-day :
- Les tests d’ovulation : à acheter en pharmacie, au supermarché ou en ligne (Clearblue, Mercurochrome, etc.), ceux-ci dosent la quantité d’hormone LH dans les urines (plus rarement dans la salive) et repèrent le pic qui a lieu environ 24h avant l’ovulation. Il faut commencer quelques jours après la fin de ses règles (selon la durée de son cycle), ou dès que le premier signe de glaire cervicale apparaît, puis le faire tous les matins à la même heure, jusqu’à repérer le pic. Lorsque le test devient positif, l’ovulation a normalement lieu dans les 24 heures (il existe de rares cas de pics de LH non suivis d’une ovulation, on parle alors de LUF pour luteinized unruptured follicle : malgré la décharge LH le follicule contenant l’ovule ne se rompt pas).
- La glaire cervicale : surveillez l’apparition de la glaire cervicale fertile – le fameux blanc d’œuf vous savez – jusqu’à son jour sommet (veille de sa disparition soudaine). Des chercheurs spécialistes de la glaire cervicale, notamment les médecins Billings et Odeblad, ont montré que l’ovulation a lieu 40% du temps ce fameux jour sommet JS, sinon à JS+2 ou JS-2, et ces trois jours sont les plus fertiles du cycle menstruel. L’identification du jour sommet est la meilleure approximation possible de la date d’ovulation (si l’on met à part l’échographie, moins facile à réaliser sans aide médicale vous en conviendrez).
- L’ouverture du col de l’utérus : on peut à l’aide d’un examen intime repérer l’ouverture et le changement de position du col de l’utérus quelques jours avant (à coupler avec la méthode #2 de la glaire) même si en fait, le col de l’utérus s’ouvre avant l’ovulation, dès le début de la phase fertile sous l’influence des oestrogènes. En effet, il s’ouvre pour permettre aux spermatozoïdes de remonter dans l’utérus et attendre l’arrivée de l’ovule : l’ovulation.
- L’écoute de soi (plus ou moins intuitif…) : certaines femmes repéreront peut-être une douleur en bas du ventre à gauche ou à droite (du côté de l’ovaire qui libère l’ovocyte), une douleur/tension à la poitrine, un pic de désir sexuel (la nature est bien faite), ou des petits saignements (spotting) liés à l’ovulation… qui est un moment du cycle de grandes variations hormonales.
- La température : malheureusement elle nous renseigne un peu trop tard puisque son élévation confirme que l’ovulation « a eu lieu » (le follicule a libéré l’ovule), mais elle peut aider à prendre confiance dans les observations précédentes et notamment celle du jour sommet de glaire cervicale. En effet c’est le corps jaune, qu’est devenu le follicule vide sous l’action du pic de LH, qui est responsable de sécréter la progestérone et d’élever la température. La présence de ce corps jaune nous confirme que le follicule est vide ! Le dernier point de température basse avant l’élévation, qui souvent est même plus bas encore que les précédents, et que l’on appelle nadir, est encore une estimation du jour de l’ovulation.
- A posteriori : c’est un peu trop tard (encore plus que la courbe de température 😉 ) mais en calculant environ 14 jours avant le dernier jour de votre cycle (et non pas 14 jours après le premier jour !), vous pourriez une bonne estimation de la fenêtre de l’ovulation, puisque la phase lutéale (de l’ovulation aux règles suivantes, dont elles sont la conséquence) a en général une durée globalement stable. Cette dernière méthode de calcul est à prendre avec beaucoup de précautions et vous voyez que j’ai même appelé mon article « comment repérer l’ovulation… sans calculer » car un calcul sur la base d’un cycle précédent ne donne aucune information sur un cycle en cours ou à venir : chaque cycle est unique ! Et cette durée de 14 jours n’est valable qu’à condition de ne pas avoir d’insuffisance en progestérone qui peut raccourcir anormalement cette phase lutéale (souvent le cas en post-pilule, post-partum, à la ménopause ou à la puberté, quand les cycles se (re-)mettent en place).
L’ovulation est l’événement féminin par excellence, responsable de la fluctuation de nos hormones et humeurs. L’ovulation est un signe de bonne santé, qui ne sert pas que le jour où l’on souhaite avoir un enfant puisque la progestérone naturelle qu’elle permet de libérer est une hormone précieuse pour la santé générale d’une femme.