Non mais allô quoi, t’es une meuf et tu connais pas les MOC ?
Nos mères les appellent « méthodes naturelles » – mais malheureusement les sites officiels (et la croyance populaire) incluent aussi sous ce nom le retrait et la méthode du calendrier qui n’ont RIEN à voir avec mon propos ; nos grand-mères (et nos gynéco) évoquent la « méthode des températures » – et disent que ça ne marche pas – et n’ont pas complètement tort ; nos arrière-grand-mères se souviennent de la « méthode Ogino » – et ont eu 8 enfants tombés du ciel, au bas mot.
Sauf qu’on n’arrête pas la science, que la connaissance du corps féminin et des mécanismes naturels de reproduction a fait des progrès extraordinaires depuis 50 ans, qu’aujourd’hui on peut complètement se passer de contraception tout en contrôlant sa fertilité, que la préparation de l’ovulation et la fertilité sont dues à une cascade hormonale très précise au cours du cycle de la femme, et qu’il est impossible d’appeler encore « dinosaure » ce qui est devenu une gazelle.
Alors comment les appelle-t-on aujourd’hui ? Les MOC sont les Méthodes d’Observation du Cycle.
Méthode de gestion de la fertilité, méthode d’auto-observation du cycle féminin, méthodes de connaissance de l’ovulation (connaissance, pas prédiction !)… les variantes sont possibles. Je crois que je les préfère toutes à l’expression malheureusement galvaudée de méthodes naturelles car elles disent ce qu’elles sont et peuvent permettre de se détacher des pseudo-méthodes-naturelles telles que le retrait ou le calcul des cycles (méthode du calendrier). Sinon on se demande toujours : mais ce sont des méthodes naturelles… « de quoi ». Des méthodes de contraception ? de régulation naturelle des naissances ? de prédiction de nos prochaines règles ? de conception ? de découverte de son corps ? de régularisation de nos cycles ? Oui, mais non. Elles sont des méthodes d’observation. Quand on a observé, on fait ce qu’on veut ensuite : on se découvre, on s’aime, on se soigne, on s’adapte, on s’en parle, on s’émerveille, on cherche à avoir un enfant, on évite un rapport sexuel… en conscience et librement.
En conscience ? C’est d’ailleurs le mot qu’utilisent les anglophones pour caractériser ces méthodes : FABM pour Fertility awareness-based methods, i.e. méthodes basées sur la conscience de sa fertilité.
Ces méthodes naturelles sont variées dans leur forme mais identiques dans le fond : en observant l’évolution de la fertilité féminine au jour le jour, elle permettent de se connaître et entre autres d’éviter le recours à une contraception intrusive pour le corps et la sexualité. Elles mettent la science (généralement trustée par les pharmacies et les gynéco) à disposition des femmes afin qu’elles se réapproprient leur cycle menstruel et leur fertilité. Contrairement à ce qu’on peut en lire un peu partout, sur des sites visiblement conçus par des personnes qui n’ont jamais creusé le sujet, ces méthodes sont fiables car reposent sur cinq principes très simples :
- Une femme n’est fertile que de 7 à 8 jours par cycle – c’est scientifique.
- Son corps envoie des signaux très clairs de l’ouverture et de la fermeture de cette période fertile tels que la glaire cervicale, la température, la sensation d’humidité à la vulve, l’ouverture du col de l’utérus etc. Ils sont nécessaires et suffisants pour permettre d’identifier de façon très certaine si un jour est fertile ou non, c’est-à-dire si une union sexuelle est susceptible d’être fécondante ou pas.
- Il existe plusieurs écoles reconnues qui enseignent ces méthodes d’observation de la fertilité depuis des dizaines d’années et offrent des accompagnements rigoureux et personnalisés, dans toutes les situations que traversent les femmes : puberté, allaitement, arrêt d’une contraception hormonale, ménopause, etc.
- En alliant rigueur et confiance en elle dans ses observations et ses interprétations, chaque femme est la meilleure spécialiste qui soit de son propre corps.
- Dans tout couple responsable, homme et femme sont capables d’adapter leur sexualité à leur fécondité selon qu’ils souhaitent ou non accueillir une grossesse.
Pour aller plus loin, faîtes un tour par mon tableau de recensement des différentes méthodes d’auto-observation qui existent, où je mentionne leur efficacité – publications scientifiques à l’appui. Ceux qui pensent encore à la méthode Ogino et ses 25% de grossesses non planifiées par an, risquent d’être surpris.
Au XXème siècle, la contraception a mis fin à la fertilité incontrôlable (car encore méconnue) des femmes ; place au XXIème siècle où les méthodes d’observation du cycle mettent fin à l’over-médicalisation (car devenue inutile) de leur corps !!! Quoi ? Féministe ? Moi ?

Pénélope Bagieu
PS1 si vous êtes sceptique : OUI ces méthodes marchent même si vous avez des cycles irréguliers, puisqu’elles ne pré-supposent rien sur le cycle (durée, date d’ovulation, régularité, etc.) mais au contraire s’y adaptent au jour le jour grâce à une observation quotidienne des signes annonciateurs de fertilité. Le cycle menstruel suit un déroulement physiologique scientifique très précis, qui n’a rien de mystérieux !
PS2 si votre conjoint est sceptique : rassurez-le d’abord sur l’efficacité prouvée des méthodes d’observation du cycle et convainquez le que OUI lui aussi a beaucoup à y gagner, ce n’est pas un dada de féministes en mal de libération – choisir de connaître et respecter sa fertilité conjugale peut être libérateur et enrichissant pour votre couple.