Je parle là de la température basale (basal body temperature – BBT – in English), c’est à dire la température de base de notre corps, avant qu’elle ne soit « polluée » par les conditions extérieures, ou notre activité physique et/ou cérébrale, qui viennent l’augmenter. Cette température la plus basse est stable : c’est celle que l’on prend le matin au réveil, avant de se lever, à condition d’avoir dormi suffisamment (en général on dit 5h minimum).
C’est une température que l’on a l’habitude de prendre dans certains pays, qui permet de suivre au quotidien son équilibre interne et sa santé ! Ça peut sembler contraignant à certaines, on peut aussi rapidement l’intégrer comme un lavage de dents.
On en parle ici parce que cette BBT permet de repérer (a posteriori) la sortie de la période fertile, étant donné qu’elle s’élève au moment de l’ovulation sous l’effet de l’hormone progestérone sécrétée par le corps jaune, l’enveloppe vidée de l’ovule qu’elle contenait. Si vous voulez paraître encore plus savante parlez de courbe ménothermique.
Cette température devient intéressante si on la prend plusieurs jours d’affilée dans des conditions similaires (je n’ai pas dit identiques), car la courbe qui se dessine est riche d’enseignements, qu’on souhaite favoriser une grossesse ou au contraire l’éviter. L’idée est qu’après un plateau bas de 4 à 6 températures, la température s’élève de 0,2° à 0,5° environ au moment de l’ovulation. Au bout de la troisième température haute, l’ovule est – de façon certaine – déjà fécondé, ou hors service.
NB : sur cette courbe il y a une chose que je n’aime pas, mais deux que j’aime bien donc ça compense ;-). Ce que je n’aime pas, c’est que l’ovulation est à J14, ce qui est en fait rarement le cas. Mais ce que j’aime bien par ailleurs c’est que :
- d’une part elle montre au moment de l’ovulation un dernier point de température un peu plus bas que certaines femmes peuvent observer juste avant l’élévation : on l’appelle un nadir (qui signifie en astronomie le contraire de zénith : c’est le point le plus bas d’une courbe de mesure) ;
- d’autre part elle montre à la fin du cycle les deux issues possibles du plateau haut de températures : soit celui-ci redescend (le niveau d’hormones chute, ce sont les règles), soit celui-ci reste stable (preuve que la progestérone continue d’être sécrétée i.e. que le corps jaune est désormais stimulé par l’arrivée de l’hormone hCG sans qui il se serait décomposé ! et qui dit hormone hCG dit… grossesse : l’ovule a été fécondé, et l’embryon s’est implanté).
Concrètement :
- on choisit une voie (rectale, vaginale, buccale) et on s’y tient au cours d’un même cycle ;
- on choisit un thermomètre fiable (Gallium ou digital à double décimal), on attend le temps qu’il faut (1 à 3 min selon le thermomètre, on évite ceux qui donnent une réponse en quelques secondes : peu fiables), et on n’en change pas au cours d’un même cycle ;
- on garde son thermomètre à portée de main depuis son lit pour pouvoir prendre sa température avant de se lever ;
- au début on la prend pendant tout le cycle, puis quand on devient à l’aise on se contente d’au maximum! 10 prises par mois (dès qu’on voit apparaître la glaire, jusqu’à la troisième température haute), et on a même le droit de sauter des jours ;
- au début on la prend à exactement la même heure tous les jours, puis on fait des petits tests liberté (le week-end : la prendre à l’heure de la semaine ET à l’heure du lever ET comparer : ce n’est pas vrai pour toutes mais pour moi ça ne change rien donc exit le réveil) ;
- on prévient Monsieur qu’à partir de 2h du matin c’est lui qui se lève si un enfant appelle car Madame doit être au repos 4h à 5h avant de prendre sa température (ça j’aime bien ! on peut même lui dire minuit en trichant un peu) ;
- on est conscient que la température, contrairement à la glaire, peut être influencée par des critères extérieurs (décalage horaire, nuits agitées, certaines maladies ou médicaments, etc.) donc on reste vigilant, même si on ne peut pas confondre une fièvre de +2° ou +3° avec la légère augmentation due à l’ovulation ;
- et enfin, on note !!
Ensuite reste à interpréter 🙂 :
- si on est en confiance et on aime bien les maths : on prend un papier (grille toute faite imprimable là par exemple) puis on fait les calculs de plateaux bas puis haut, soi-même (il y a différentes manières, l’une d’entre elles est assez bien expliqué ici) ;
- on peut aussi faire confiance à une appli reconnue comme fiable (Kindara, Dafra, Sympto, Ovuview, etc.) avec la limite qu’on ne maîtrise pas bien « la chose » ;
- la compromis raisonnable pour le démarrage est à mon sens de calculer soi-même, et de se faire checker par une monitrice (on peut faire appel à celles du CLER qui après un RDV physique donnent un identifiant pour partager ses cycles sur un site dédié cyclefeminin.net… pas franchement user-friendly pour l’instant, bientôt l’appli normalement #HopeSo).
Les deux ou trois premiers cycles ce n’est pas forcément une mince affaire. On oublie, on se demande si cela a vraiment monté. Mais assez vite on prend le pli. La température est un critère qui peut diviser : pour certaines il est scientifique et tangible donc extrêmement rassurant – et le graphique très convaincant pour les messieurs tech-friendly ; pour d’autres il est contraignant et influençable donc au contraire très rebutant. D’ailleurs certains appareils ou algorithmes s’appuient entièrement dessus (c’est le cas par exemple du Lady-Comp ou de l’appli Natural Cycles), certaines méthodes en font 100% fi (par exemple les méthodes Billings, FEMM Health ou FertilityCare).
Néanmoins si on a besoin d’être convaincu par ses observations, au début ou dans une période précise de notre vie, la température est un critère de choix. Essayez, vous verrez ! Je me souviens encore de la grande joie devant ma première courbe de température quand j’ai vu qu’elle montait, et que pour moi aussi ça marchait. C’était ma première prise de conscience de mon ovulation.
Gratuit (si ce n’est le prix du thermomètre – qu’on peut devoir racheter souvent si comme moi vous êtes au Gallium méga cassable et que vos enfants aiment trifouiller dans votre table de nuit), ce suivi permet aussi de prévoir vos règles (chez moi la température baisse exactement la veille de mes règles) ou de confirmer une grossesse en économisant un test (dès que le plateau haut a dépassé 16 jours).
PS : pour les plus high-tech il existe des thermomètres connectés Kindara, Daysy, Ovatemp… ou encore des patchs avec capteurs qui prennent la température en continu du type OvulaRing, Yono, Tempdrop, ou DuoFertility… mais rassurez-vous cette technique coûteuse n’est nullement indispensable et je me suis moi-même contentée pendant des années d’un thermomètre au galinstan jouant parfaitement son rôle.
Bonjour,
Merci pour tous ces articles, j’ai appris tellement de choses que j’ignorais (et il serait pourtant fondamental de les apprendre plus tôt, même si l’on ne choisit pas une méthode de ce type pour la contraception).
J’ai une question concernant la température basale que je commence à mesurer régulièrement, elle est influencée par de nombreux paramètres, est-ce que la température ambiante l’influence beaucoup ?
J’explique pourquoi je pose cette question : j’étais en camping (température pas vraiment froide la nuit sous la tente, mais sans doute plus que chez moi), et ma température basale est restée basse alors qu’elle aurait dû remonter selon moi (mais bon je n’en suis pas sûre, la suite des mesures me permettra d’en savoir plus sur mes cycles). Donc je cherche d’abord les éléments extérieurs (les facteurs qui influencent la température basale, mais aussi les facteurs liés à la mesure et notamment la fiabilité de mes mesures : je ne mesure pas assez à la même heure, il faudrait me résoudre à mettre un réveil le week-end et les vacances) avant d’y voir un « réel » problème interne. Merci et bonne journée,